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20 novembre : panne en Espagne.

Le Saviem est lancé sur une autoroute sans voie d'arrête d'urgence, juste avant la frontière espagnole de San Sebastian. Les innombrables poids lourds qui nous dépassent font trembler notre vaillant pépère de 1968 qui part pour son dernier grand voyage, la 405 et sa caravane (vaillante mémère aussi, un brin plus jeune : 1977 ! ). Brusquement, juste avant un pont, le moteur tousse et crachote, s'essouffle. A l'arrière, calés sur les banquettes, on s'interroge du regard et on a vite fait de passer la tête dans la cabine : Jeanfy, au volant, tombe les rapports un par un pour ne pas caler, (ça va vite, c'est une boîte 4 !) jusqu' au moment où le moteur trop essouflé crache son ultime « brrrmmmmm ».... Nous voilà bien ! Le talkie grésille, « Qu'est-ce que vous foutez ! ». On aimerait bien le savoir... La 405 garée en travers derrière nous fait comme un petit obstacle aux semi qui la dépassent d'un cheveu à toute blinde. Oups !

Aussitôt, Jeanfy, Guyg et Tonio tombent le cache moteur, bidouillent, auscultent notre pauvre moteur défaillant. On est partis qu'hier, non, merde, il peut pas nous faire ça ! A force d' huile de coude, on finit par repartir en pompant sur la pompe à gazoil comme des dingues à l'aide d'un tournevis pendant que le camion roule. Ouf...

Mais il était dit qu'on en resterait pas là. Peut-être une heure après, voilà notre Saviem qui nous refait le coup de la panne, le salaud ! Cette fois-ci, on est plus sur un pont mais perdus dans d'immenses bretelles aériennes. Bruno et Tonio, au volant de la fougueuse 405, ont pris de l'avance : impossible de les joindre au talkie, on s'énerve sur Bruno qui sait pas rouler en convoi, bordel de merde mais putain ça sert à quoi d'avoir acheté des talkie si ce con dépasse la portée en roulant dix fois plus vite que nous grmmblllmrr... De notre côté, on est bien emmerdés car on a pas assez d'outils. On finit par forcer la serrure de la caisse à outils de Bruno avec une épingle à nourrice (ça promet cette serrure). On démonte la pompe, un injecteur, des durites, on souffle, on pompe, on monte et on démonte, on essaye tout ! Rien à faire, ça part pas. Un patrouilleur d'autoroute arrive : mécano, il essaye encore une autre technique mais reste bredouille aussi. Nous v'là bien !

On finit, au bout de deux ou trois heures d'infortune, par décider d' appeler l'assurance de Jeanfy. Nous n'avons qu'un portable sans crédit et sans batterie... tant pis, on se débrouille, système D oblige. On arrive comme toujours à s'en sortir ! Lui téléphone à la branche française tandis que Coco, qui a vécu un an à séville, joint la branche espagnole avec le téléphone du patrouilleur. Conflit international! Ca finit à moitié en engueulade, chaque assureur se contredisant et ne nous proposant pas de solution qui nous convienne... Finalement, excédé, la France abandonne et nous finissons de tout régler avec l' Espagne. Olé !

Arrivent donc un taxi et une dépanneuse... Conduite par un sénégalais ! On a l'air malins, avec notre camion en panne à 400 bornes de chez nous, à lui dire qu'on veut en faire 6000 jusqu'à chez lui ! On se case qui dans la dépanneuse, qui dans le taxi malgré nos cinq parkas (il gèle depuis la tombée de la nuit) et nos deux chiens. En route pour Basauri, où nous attendent Bruno et Tonio avertis par SMS. Le Saviem, à l'arrière de la dépanneuse, frôle le bas des panneaux autoroutiers : à sa hauteur monté sur le plateau s'ajoutent les énormes cantines chargées sur le toit. Dans le taxi, Jeanfy préfère ne pas regarder ! Dernière bonne blague arrivés au but : cherchez Charlie version nocturne et citadine ! Au talkie, je lance un appel toutes les minutes « allô 405, ici dépanneuse, vous m'entendez ? ». Au bout d'une vingtaine d'appels, la voix d' un Tonio soulagé (ils étaient sans nouvelles depuis des heures) me répond. Ils m'explique par talkie où ils sont garés, je transcris à Coco qui traduit au chauffeur de la dépanneuse qui demande au chauffeur de taxi... Nous nous retrouvons enfin, en bordure d'autoroute, sous la pluie, à 8 heures du soir. Le voyage commence fort !

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